L'article est un peu long pour expliquer un concept simple, mais les purs compétiteurs auront à coeur de bien comprendre la règle du jeu....
Le projet sportif de cette 5ème édition est original. Nous voulons donner des chances égales à tous les participants, quel que soit leur bateau.
Dans une régate “open” classique, tous les bateaux se rassemblent derrière la ligne de départ et au signal, les plus rapides s’en vont pour ne plus être rejoints. Les plus lents ne profitent pas du spectacle donné par les bateaux rapides et il faut les attendre après l’arrivée.
Lorsqu'un classement est établi en temps compensé, chaque bateau dispose d’un “handicap” et il faut attendre l’arrivée du dernier et des calculs complexes pour savoir qui a gagné.
Les handicaps sont des temps que les bateaux les plus rapides “rendent “ aux plus lents. Ils se basent sur un chiffre unique propre à chaque bateau, le “rating”, qui dépend d’une multitude de facteurs (longueur, surface de voile, déplacement…) mais pas de la météo du jour de la course ! Autrement dit, sur une étape donnée, le temps rendu sera le même qu’elle soit courue par tout petit temps ou par forte brise.
Le calcul de rating n’est pas le même pour un monocoque ou un multicoque, pour un croiseur ou pour un bateau de course. Sur le Morbihan Challenge, la plupart des bateaux ne disposeront pas de ratings, encore moins de ratings comparables.
Dans une régate classique, la sécurité de la flotte est difficile à assurer car l'écart entre les plus lents et les plus rapides se tend comme un élastique, obligeant à disposer de plusieurs bateaux (à moteur…) aux extrémités et au milieu du groupe pour intervenir rapidement.
Nous allons bousculer les règles, disrupter, changer de paradigme et renverser la table !
Imaginez que cette photo représente une ligne d'arrivée au lieu d'une ligne de départ...
Les départs seront décalés, pour que l’arrivée soit groupée et pour que la flotte se rassemble tout au long du parcours au lieu de se disperser. L’élastique va se détendre au lieu de se tendre ! Les plus lents partiront en premier et essaieront de ne pas se faire rattraper. Les plus rapides partiront en dernier et essaieront de rattraper les bateaux devant eux. Le premier arrivé aura gagné.
Nous allons utiliser les runs du samedi pour étalonner les vitesses des bateaux dans une force de vent donnée. Plus que la valeur de la vitesse, c’est l’écart de chaque bateau à la vitesse moyenne de la flotte qui va nous intéresser.
Chaque jour, nous estimerons la vitesse moyenne de la flotte dans les conditions de vent attendues. S’il y a plus de vent que le samedi, cette vitesse sera plus élevée, et inversement.
Nous estimerons ensuite pour chaque bateau sa vitesse moyenne, son temps de parcours pour en déduire son heure de départ pour qu’il arrive en même temps que tous les bateaux.
Illustrons-le par un exemple. Sur une étape de 25 milles pour laquelle l'heure moyenne de départ est 15h et la vitesse moyenne de la flotte est estimée à 5 noeuds, le temps de parcours moyen sera de 5 heures et toute la flotte arrivera autour de 20h.
Le bateau le plus lent partira à 13h30 alors que le plus rapide s’élancera à 16h30.
Pour mémoire, voici les vitesses des concurrents de l’étape Lorient - La Trinité sur Mer du MC2021, dans un vent de l’ordre de 10 nœuds. La vitesse moyenne de la flotte était de 5,97 nœuds:
Vous avez le principe général.
La fiabilité de nos “handicaps” dépend de multiples facteurs. Entre autres :
- l’honnêteté des équipages, qui donneront réellement leur maximum sur le run. Nous espérons que les prix remis pour cette étape spéciale et l’intérêt sportif des départs décalés suffiront à éviter toute triche. En plus, nous ajusterons les écarts de vitesse à la moyenne de la flotte à l'issue de chaque étape.
- la mesure du vent moyen pendant les runs et l'estimation du vent moyen pendant l’étape. Il est évident que le vent ne sera pas égal en tous lieux et à toute heure.
- l’estimation de l’évolution de la vitesse moyenne de la flotte, selon le vent attendu. Pour cela, nous avons concocté une équation secrète... un peu arbitraire ;-)
- les différences de performances des bateaux selon les allures. Les runs seront courus à 90° du vent mais les étapes comporteront d’autres allures qui avantageront ou désavantageront certains.
- les courants de marée, qui ne seront pas les mêmes selon l'heure de départ.
Vous l'avez compris, il s'agit d'expérimenter une formule de course ludique qui donne à tous l'espoir de faire un résultat. C'est aussi une formule qui permet d'assurer une sécurité collective et de se dispenser d'une escorte à moteur.
C'est surtout une formule très simple puisque c'est le premier arrivé qui gagne.
Quelle que soit la fiabilité des calculs, une chose est certaine : le vainqueur aura réalisé une grosse performance !