3 jours et 4 bateaux

Par Agnès Ripoll Ghys

· Equipes

Dans les petites histoires qui font la grande histoire du Morbihan Challenge, il y a la participation insolite d'Agnès. Laissons-là nous la raconter...

J’ai participé cette année au Morbihan Challenge en étant affectée sur quatre bateaux différents ! Trois pour la navigation, un pour le couchage. Des expériences différentes avec malgré tout, des qualités communes : des skippers passionnés par leurs navires, qui ont partagé leurs connaissances et qui ont su me faire confiance.

Je partage ici mon journal :

Mardi 8 septembre, à Montreuil :

Je reviens tout juste de Corse, mon sac n’est pas encore défait mais, en consultant la page Facebook de mon club de voile (le CNIF), je tombe sur ce message de Joséphine :

« Hello les Cnifiennes ! Ce n’est pas courant, on recherche une femme au pied marin dispo […] pour naviguer sur le Blavet, en baie de Quiberon et dans le Golfe du Morbihan […] Contactez-moi en mp ou Hervé Nougier au 06…. ».

Aaaaaargh, mais ça sonne bien tout ça ! Bon, faut que je m’organise, que j’annule les apéros chez les copains, que je refasse mon sac, que je trouve un train mais c’est jouable !

J’appelle donc Hervé, qui m’explique un peu le concept et quelques éléments logistiques. En gros, je naviguerai sur les bateaux où les skippers cherchent une équipière pour le quota mixité nécessaire à leur participation aux étapes du Morbihan Challenge.

Je navigue régulièrement depuis 7 ans, essentiellement en habitable, ambiance croisière. J’ai participé à 3 régates dans ma vie et à 2 semaines du Golfe, j’ai 2 matinées de Hobie Cat et quelques heures d’Optimist à mon actif mais, soit… Même pas peur, ça a l’air marrant !

Jeudi 10 septembre : sac, salopette, duvet, billet de train… Check ! Direction Locmiquélic !

 

J’arrive dans la soirée, je salue les organisateurs du Morbihan Challenge au Club Nautique (ils ont l’air souriant, c’est déjà ça…), je pose mon sac (sans savoir où je vais dormir) et je vais prendre un apéro au Cargo avant le repas du soir. Je reçois quelques messages des capitaines des bateaux sur lesquels je vais embarquer. Ce sera ISO demain et Guépard samedi.

 

Soirée simple et bonne ambiance, orchestrée avec les bénévoles du Comité des Fêtes de Locmiquélic. Je finis par trouver une place sur un canapé du Club Nautique où je passe une excellente nuit.

 

Vendredi 11 septembre : Locmiquélic – Larmor Baden en ISO

 

Réveil à 5h30. J’ai rendez-vous avec Roger, le capitaine de l’ISO « Némo ». Je n’ai jamais navigué de ma vie sur une chose aussi peu stable, c’est un vrai défi personnel.

6h30 : mise à l’eau. Aie ! C’est plein de vase et impossible d’emmener le bateau sur l’eau. Camille et Marc viennent nous filer un coup de main et ont l’idée lumineuse de faire rouler la remorque sur les pontons amovibles et… ça marche ! Ils prennent également mes affaires pour les convoyer jusqu’à Larmor Baden.

 

Nous sommes remorqués par la vedette jusqu’à la ligne de départ et… c’est parti ! Roger est très pédago, il teste mes connaissances et me laisse barrer. Nous voguons sous le soleil levant, mon moment préféré de la journée, des dauphins viennent nous faire coucou…

 

Je commence à avoir faim. Le temps d’attraper quelque chose dans le sac étanche, 3 secondes d’inattention à la barre et c’est le dessalage ! Cela tombe bien, je déteste l’eau froide et c’était la seule chose que je redoutais. Au moins, c’est fait ! Sous l’œil inquiet d’autres bateaux, nous remontons rapidement à bord et reprenons notre route. Rien n’a été perdu… et les sandwichs à l’eau de mer, c’est une bonne façon de tester sa faim !

 

Suite de la journée parfaite, même si je ne découvre aucune vocation pour ce genre d’objet flottant qui requiert une concentration de tous les instants.

 

Je retrouve les autres équipages sur le port de Larmor-Baden et mes anges gardiens de White Lady, qui, sous le haut commandement du capitaine Dominique m’offrent la possibilité de dormir chez eux.

 

Samedi 12 septembre : Un Tour du Golfe en Jaguar ? Mieux, en Guépard !

 

Après une grasse mat’ et un petit déjeuner à Bord de White Lady, je salue mon équipage de nuit et je file à bord de Doudou, un Guépard tout rose (coque et gréement), que j’avais déjà remarqué lors d’une Semaine du Golfe. Je suis accueillie par Christian qui me fait participer à la préparation du bateau et me montre, en garant du protocole, comment on hisse une voile en navigation traditionnelle.

Je file la métaphore féline en assurant que, si le Lion est roi de la jungle, le Guépard, lui, est roi du Golfe ! Ils seront 4 à participer aujourd’hui ! J’avoue un intérêt particulier pour ce bateau, orienté voile « traditionnelle », dans lequel je retrouve des caractéristiques communes avec mon cotre de Carantec, que je connais peu, n’ayant pas comme Christian la chance d’habiter au bord de la mer. Je découvre que la qualité moderne du gréement et les petits aménagements persos font gagner en confort et en efficacité.

 

Les premières heures se passent génialement, le capitaine connaissant bien le terrain. Je participe aux manœuvres (GV et foc). Jusqu’à ce que notre amie la pétole vienne frapper, pour nous laisser scotchés. J’ai droit à une démo de godille. Alors que les autres sortent les avirons, le capitaine est réticent : « En onze ans, je n’ai jamais sorti les avirons ! » Bon… d’accord, patientons, après tout, nous avons de quoi philosopher et les îles alentour sont belles.

 

Je finis par suggérer de ramer un peu, je n’ai jamais testé les avirons et cela m’amuse. Mais je sens que cela travaille la conscience du capitaine. Nous abandonnons assez vite et, à la faveur d’une petite brise, nous finissons par retrouver Larmor Baden. Le capitaine rentre chez lui car demain, y’a baston entre Guépards au Trophée Gahinet !

Nous nous donnons rendez-vous à la prochaine SdG, chacun sur son bateau.

 

Dimanche 13 septembre : Larmor Baden – Locmiquélic… Fin de la récré !

 

Après quelques fous rire sur White Lady et sa literie au confort incomparable, je rejoins cette fois-ci Zoom, le Dragonfly de Gérard, avec qui navigue déjà Joséphine.

J’ai déjà vu des Dragonfly mais je n’ai jamais mis les pieds sur un trimaran. De loin, je percevais une coquille de noix, avec deux trampolines. Je me disais : « Quand même, ça a l’air casse-gueule ces trucs et puis ça doit être ultra inconfortable ! ». Les premières secondes à bord ont suffit à faire tomber tous ces a priori. C’est ultra stable et on ne se marche pas dessus. Gérard nous fait confiance et, en musique, nous laisse gérer barre, GV et spi, puisque Joséphine connaît désormais bien le bateau, qui file tranquillement vers Lorient.

 

Sujette au vertige, je n’irai pas sans un peu d’entraînement, danser sur les flotteurs mais cela donne envie de réitérer l’expérience !

 

J’arrive au port déjà nostalgique avec l’envie que le Morbihan Challenge se poursuive, consciente de la chance que j’ai eue de pouvoir tester autant de bateaux en si peu de temps et l’envie que d’autres puissent vivre cela à leur tour.